Olympe de Gouges 2012 Catel Muller et José-Louis Bocquet
Présentation de l’éditeur :
De Montauban en 1748 à l’échafaud parisien en 1793, quarante-cinq ans d’une vie féminine hors normes, et l’invention d’une idée neuve en Europe : la lutte pour les droits des femmes.
Née dans une famille bourgeoise de province, sans doute fille adultérine d’un dramaturge à particule, Marie Gouze dit Olympe de Gouges a traversé la seconde moitié du XVIIIe siècle comme peu de femmes l’ont fait. Femme de lettres et polémiste engagée, elle se distingue par son indépendance d’esprit et l’originalité parfois radicale de ses vues, s’engageant pour l’abolition de l’esclavage et surtout pour les droits civils et politiques des femmes. Opposée aux Robespierristes et aux ultras de la Révolution, elle est guillotinée pendant la Terreur.
Mémoire de Madame de Valmont 1788 Olympe de Gouges
Présentation de l’éditeur :
Madame de Valmont laisse son mémoire au “public”, pour qu’il puisse juger de l’injustice dont elle a été victime.
Constitué par sa correspondance privée, ce mémoire révèle la duplicité et le caractère profondément ludique de Madame de Valmont. Derrière l’évocation du comportement injuste d’un père envers sa fille, se profile l’activité volontiers intrigante de cette femme.
Sous l’anonymat, celle‑ci joue le rôle de plusieurs séductrices auprès de son demi‑frère, le Marquis de Flaucourt, qu’elle prétend vouloir ramener à la raison et au bon sens.
Zamore et Mirza 1792 Olympe de Gouges
Présentation de l’éditeur :
Voulant échapper à une peine injuste, deux esclaves, Zamore et Mirza, trouvent refuge sur une île déserte. Un navire vient se briser sur la côte. Seuls rescapés, Sophie et son mari Valère sont émus par le sort des esclaves et vont tout mettre en œuvre pour obtenir leur grâce auprès du gouverneur de la colonie…
Zamore et Mirza, dont le sujet avait fait scandale à la veille de la Révolution, est toujours une véritable leçon de tolérance et de parité avant l’heure.
Depuis quelques temps, nous avons à la maison une petite chatte, que nous avons prénommée Olympe. Mes amis ne s’y trompant pas, certains ont commencé à nous offrir des ouvrages sur la fameuse grande dame. A vrai dire, je ne connaissais Olympe de Gouges que dans les grandes lignes (Sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne) et si je la savais être la première féministe française, j’ignorais tout de la vie qu’elle avait mené, cette période de l’histoire n’ayant jamais éveillé un intérêt particulier en moi.
C’est donc à travers cet ouvrage de Catel et Bocquet que j’ai pu la découvrir : le livre retrace donc sa vie, de sa conception (!) à sa mort, et nous montre une femme à la modernité déconcertante, qui n’a jamais eu peur de vivre comme elle l’entendait, ni de braver les convenances. Mais si elle a su être assez « égoïste » pour mener la vie qu’elle souhaitait, elle n’en a pas moins, toute sa vie durant, mené des combats pour les oubliés : les esclaves et les femmes.
L’album se lit très vite, on parcourt les planches avec beaucoup de plaisir et de curiosité et toujours avec un certain étonnement. En achevant ma lecture, je devais à tout prix découvrir l’oeuvre littéraire d’Olympe de Gouges.
C’est ainsi que j’ai lu « Mémoire de Madame de Valmont » et « Zamore et Mirza ». Pleine d’enthousiasme au début, un peu déçue à la fin. Les thèmes abordés dans le roman épistolaire et la pièce de théâtre sont bien sûr très intéressants et font écho à l’engagement évoqué dans la BD de Catel et Bocquet. On comprend d’ailleurs aisément pourquoi ces oeuvres ont pu faire scandale à l’époque.
Malgré tout, il faut se rendre à l’évidence, ma chère Olympe était plus une politicienne qu’une autrice (puisque le mot était encore employé au XVIIIe). Les intrigues de Madame de Valmont sont à coucher dehors et assez irritantes, pour finir par devenir lassantes. Quant à « Zamore et Mirza », la pièce est noyée sous les bons sentiments et les lieux communs. On pardonne à Olympe, bien sûr, qui n’a pas eu d’éducation digne de ce nom et qui s’en vante régulièrement en nous rappelant dans ces ouvrages à quel point elle admire Rousseau.
C’est donc un personnage à découvrir et finalement, je ne regrette pas d’avoir lu deux de ses ouvrages. Les amoureux de la littérature feraient cependant mieux de passer leur chemin et de se contenter du très beau livre de Catel et Bocquet.
Extraits :
1. Olympe de Gouges
2. Mémoire de Madame de Valmont
Lettre III, du comte à Madame de Valmont
« … si, d’après votre système, les personnes de votre sexe deviennent conséquentes et profondes dans leurs ouvrages, que deviendrons-nous, nous autres hommes, aujourd’hui si superficiels et si légers ? Adieu la supériorité dont nous étions si orgueilleux. Les dames nous feront la loi, et la partie la plus faible deviendra la plus forte. Cette révolution serait dangereuse. Ainsi je dois désirer que les dames ne prennent point le bonnet de docteur, mais qu’elles conservent leur frivolité, même dans leurs écrits. Tant qu’elles n’auront pas le sens commun, elles seront adorables. »
3. Zamore et Mirza
Zamore et Mirza sont deux esclaves ; ils ont sauvé Valère et Sophie, deux français, qui viennent de faire naufrage.
Zamore – Approche, Mirza, ne crains rien. Ce sont deux infortunés comme nous ; ils ont des droits sur notre âme.
Valère – Etre compatissant, à qui je dois la vie et celle de mon épouse, tu n’es point un sauvage ! Tu n’en as ni le langage ni les moeurs. Es-tu le maître de cette île ?
Zamore – Non, mais nous l’habitons seuls depuis quelques jours. Vous me paraissez français. Si la société d’esclaves ne vous semble pas méprisable, c’est de bon coeur qu’ils partageront avec vous la possession de cette île, et si le destin le veut, nous finirons nos jours ensemble.
Sophie (à Valère) – Que ce langage m’intéresse ! (Aux esclaves) Mortels généreux, j’accepterai vos offres, si je n’allais plus loin chercher un père que peut-être je ne retrouverai jamais !
Une réflexion sur “J’ai lu… Olympe de Gouges et Catel Muller”