Autoportrait de l’auteur en coureur de fond Haruki Murakami
Présentation de l’éditeur :
Le 1er avril 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz pour écrire un roman. Assis à sa table, il fume soixante cigarettes par jour et commence à prendre du poids. S’impose alors la nécessité d’une discipline et de la pratique intensive de la course à pied. Ténacité, capacité de concentration et talent : telles sont les qualités requises d’un romancier. La course à pied lui permet de cultiver sa patience, sa persévérance. Courir devient une métaphore de son travail d’écrivain. Courir est aussi un moyen de mieux se connaître, de découvrir sa véritable nature. On se met à l’épreuve de la douleur, on surmonte la souffrance. Corps et esprit sont intrinsèquement liés. Murakami court. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un marathon par an. Il court en écoutant du rock, pour faire le vide, sans penser à la ligne d’arrivée. Comme la vie, la course ne tire pas son sens de la fin inéluctable qui lui est fixée…
Je connaissais déjà Murakami pour ses romans policiers un peu fous, dont l’univers plutôt onirique me plaisait particulièrement : des personnages amusants, une intrigue solide et alambiquée… Comme le disait mon ami allemand à l’époque où j’ai découvert ces bouquins „c’est un tourne-page“ : on ne peut pas s’empêcher de continuer à lire. Autant vous dire que des années plus tard, en retrouvant cet ouvrage que mon père m’avait offert il y a longtemps, j’avais quelques attentes.
Dès les premières pages, j’ai été emballée : Murakami dresse un parallèle très juste entre son activité d’écrivain et sa pratique de la course.
Le fil rouge du livre : le marathon de New-York pour lequel il s’entraîne, prétexte à de nombreuses réflexions sur la volonté, le temps, les autres, la douleur. A mon sens, les passages les plus réussis sont ceux où il évoque la souffrance, comme lorsqu’il raconte son marathon à Athènes ou encore ses triathlons. La discipline qu’il s’impose est assez impressionnante, qu’il s’agisse de l’écriture ou bien du sport.
Il est évident que ce livre plaira aux coureurs, même s’il n’est pas nécessaire d’être sportif pour apprécier l’ouvrage, car le personnage a quelque chose de fascinant : ce type, qui du jour au lendemain, décide de vendre son club de jazz qui marche bien pour se lancer dans un roman, alors qu’il n’a jamais écrit : à moi, il me vend du rêve. Rien à secouer de ses potes, qui lui disent qu’il va se ramasser. Idem lorsqu’il commence à courir. Fondamentalement, Haruki Murakami se contrefiche de ce que pensent les autres, du moment qu’il a décidé ce qui était bon pour lui.
Cependant, d’un point de vue littéraire, le livre ne mérite pas, selon moi, les louanges que le libraire avait servies à mon père en le lui vendant : le style est assez fluide, sans fioritures, mais sans originalité non plus, très objectif en fin de compte. En y réfléchissant, il n’est pas très différents de ses autres livres, mais cette fois, la réalité froide et précise nous rappelle que la fantaisie jouait tout de même le premier rôle dans notre goût pour ses romans policiers. Quant à la métaphore de la course et de l’écriture, qui m’intéressait particulièrement, elle s’épuise rapidement, et je me suis finalement lassée.
Extrait :
« Je l’ai déjà expliqué au début de cet ouvrage : je n’ai pas le goût de la compétition. Je considère qu’il est plus ou moins inévitable de perdre. Personne n’a les moyens de vaincre chaque fois. Sur l’autoroute de la vie, vous ne pouvez pas toujours dépasser tout le monde. Néanmoins, je ne veux sûrement pas répéter encore et encore les mêmes erreurs. De cet échec, je préfère tirer une leçon que je mettrai en pratique la prochaine fois. Tant que je peux encore le faire. »